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Alan Ebringer, un docteur qui dérange (1)
Et si tant de millions de vaches avaient été abattues pour rien ?

(Paru à l'hebdomadaire basque ARGIA le 04-10-2007)

Parmi nous, il n’y a guère que les vautours qui se souviennent de la maladie de la vache folle : ils ne cessent de maudire l’Encéphalopathie Spongiforme Bovine (ESB) chaque fois que, affamés, ils doivent s’attaquer à un veau encore frêle ou à une brebis qui vient de mettre bas. Qui se souvient en effet qu’à cause de cette maladie qui effrayait, il fut interdit de laisser sur les montagnes les cadavres des animaux, et qu’une fois la situation de crise passée… on a oublié de lever l’interdit. L’ ESB provoqua une restructuration importante du monde paysan. Mais cette maladie était elle bien celle qu’on nous a décrite ?

Sur la décennie des années 90 et sur les premières années de ce nouveau siècle, tous les éleveurs d’Europe qui produisent des vaches et des veaux ont connu les méfaits de la crise de la vache folle. En Pays Basque également. Ici même, en plus de provoquer une nouvelle crise de mévente de la viande bovine, les shémas de commercialisations des veaux et des bovins adultes ont connu des transformations importantes : le marché du bovin de réforme s’est effondré et le bovin « jeune » s’est imposé sur le marché, le métier des bouchers a changé, et le modèle des grands hyper en a profité, en détériorant immanquablement le revenu du petit éleveur.

Mais les paysans de Grande Bretagne connurent l’enfer. Plus de cinq millions de bovins adultes et de veaux furent abattus et brulés, parce que les décideurs politiques voulaient éradiquer la maladie. La raison : les décideurs furent convaincus que l’ESB pouvait se transmettre à l’homme et provoquer la Maladie de Creutzfeldt-Jacob (MCJ), ils acceptèrent la théorie de la mutation du prion qui permit à Stanley Prusiner de remporter le prix Nobel, et comme la maladie sévissait de façon incontrôlée sur tout le cheptel bovin du pays, ils décidèrent d’éliminer tous les bovins qui avaient plus d’un certain âge.

Le monde paysan englais subit une cruelle restructuration dans cette décennie des années 1990, et ils ne furent pas peu nombreux les paysans qui mirent fin à leur jours de désespoir. De nos jours, des paysans et vétérinaires militants continuent de proclamer que l’état fit abattre pour rien leurs animaux, que la théorie du prion n’est pas encore totalement prouvée, et que par contre un médecin chercheur qui avait une autre interprétation des causes de la maladie put obtenir dans un premier temps des crédits de recherche sur ce sujet , puis se les vit retirer. Les hypothétiques liens entre ESB et MCJ doivent encore être objet de débats, et espérons qu’un jour les recherches et les découvertes d’Alan Ebringer trouveront leur place dans les manuels de santé et de médecine.

C’est le destin qui voulut sans doute que s’intéressât à la maladie animale ce professeur de médecine réputé pour ses travaux en immunologie à l’université King’s College de Londres. Né en France, ayant obtenu la citoyenneté australienne, c’est en Angleterre
qu’ exerce depuis 35 ans ce professeur de médecine, chercheur sur les maladies concernant l’immunologie. Avant de prendre sa retraite - il a aujourd’hui 71 ans- Alan Ebringer a soigné les patients dans le service de rhumatologie à Middlesex hospital de Londres, ainsi qu’il était enseignant à King’s College, et responsable d’une équipe de chercheurs. Ses principaux travaux ont portés sur la spondylarthrite.

En plus de ses travaux sur spondylarthrite, Alan Ebringer a publié sur des pathologies tels que la Polyarthrite Rhumathoïde, la Sclérose en Plaques, la Maladie de Crohn… mais il ne s’interessait pas aux pathologies animales. A ses propres dires, c’est un de ses enseignants à lui, le vieux microbiologiste John Pirt, récemment décédé, qui le mit sur l’affaire des bovins malades.

Héros de la deuxième guerre mondiale et microbiologiste d’avant-garde, Pirt rentra parait-il un jour dépité de son Pays de Galles natal, ayant constaté que là bas des éleveurs étaient en train de se suicider, parce que leurs élevages bovins étaient en train de disparaître, parce qu’étaient en train de mourir tous leurs animaux qu’ils aimaient tant. Les deux chercheurs avaient déjà évoqué entre eux les liens qu’il semblait y avoir entre maladie des vaches folles, tremblante du mouton et sclérose en plaques, le docteur Pirt supplia Ebringer d’approfondir cette recherche, par pitié envers ses paysans massacrés.

La maladie des bovins fut identifiée dès l’année 1986 dans le Comté West Sussex d’Angleterre. Les bovins commençaient à trembler, les pattes arrière « paralysées », les pattes avant tremblantes, ne pouvant rester debout et s’effondrant au sol, ayant perdu la tête… ils appellèrent cette maladie ESB (Encéphalopathie Spongiforme Bovine), parce que les cerveaux de ces animaux malades avaient le même profil que celui des personnes atteintes de la maladie de Creusfeldt Jacob.

Au début, au fur et à mesure qu’il apparaissait davantage de vaches folles, c’était la confusion entre les chercheurs et les vétérinaires, mais il apparut rapidement que la cause devait être dans les aliments concentrés que consommaient les vaches. Pour apporter davantage de protéines dans la ration des veaux, les fabricants d’aliments introduisaient des farines animales dans la composition -parce qu’elles étaient meilleur marché que les protéines végétales- et c’est en mangeant ces farines que se contaminèrent les animaux. Dans les stations d’équarrissage, il y a des matières toxiques qui ont besoin de hautes températures pour être détruites, et c’est parce que ces températures suffisamment élevées n’étaient pas respectées qu’a surgit le problème. En fait, les vaches étaient malades pour cause de cannibalisme, si on peut l’exprimer ainsi.

Pour faire face à l’épidémie, on interdit immédiatement la commercialisation des vaches et des veaux malades, et ce procédé de fabrication d’aliment pour bétail fut arrêté dès 1990 en Grande Bretagne. Il est à remarqué que le procédé fut autorisé bien plus tard encore en Espagne. C’est pourquoi dans nos territoires la crise de la vache folle apparut plus tard mais également ne cessât que bien plus tard

On commença rapidement à s’inquiéter de savoir si la maladie des bovins pouvait se transmettre aux humains. En 1995 mourut le jeune Stephen Churchill, à 19 ans, atteint d’une nouvelle forme de la MCJ, et dans la même année moururent trois autres personnes. En 1996, un comité d’expert réunit par le gouvernement de Londres déclara que la maladie de la vache folle et la nouvelle forme de MCJ était la même chose, et que les hommes pouvaient être contaminés en mangeant de la moelle osseuse ou des intestins de bovins. Le lendemain l’Europe interdit l’importation de viande bovine anglaise. Le gouvernement de Londres prit la décision la plus radicale : faire abattre tous les bovins de plus de 30 mois, nés avant la mise en place des contrôles sur les fourrages . En peu de temps, furent abattus et brulés plus de cinq millions de bovins.

Londres avait ses raisons pour prendre de telles mesures. La Grande Bretagne était exportatrice de viande, mais également d’aliment pour les animaux. Et il fallait rassurer les consommateurs. Pour se voir à nouveau ouvrir les portes du marché européen, en plus de l’interdiction de la fabrication de fourrage avec des farines animales, les anglais prirent bien d’autres mesures de restriction, comme l’interdiction de commercialiser la viande avec os, - ce qui au niveau des cidreries du Pays Basque allait remuer tant et tant de polémiques, parce qu’on y consomme traditionnellement de la côte de bœuf- , ou la mise en place de tout le processus de traçabilité informatisée des viandes, etc…

La situation d’urgence s’étala jusqu’à l’année 2000 en Angleterre. Officiellement , en indemnisation des millions de vaches et de génisses abattues, les éleveurs reçurent 1.400 millions de livres sterling, et jusqu’en cette année là il mourut 77 personnes en Angleterre avec la nouvelle forme de la MCJ. Cependant, et ceci est une donnée importante, d’après les prévisions que maniaient les experts, il devait mourir des milliers de personnes encore les années suivantes. Pourquoi cela ? Parce que la maladie connaît un temps d’incubation plus ou moins long chez les humains, et que la consommation de farines animales qui avait commencé quelques années avant pouvait provoquer des milliers de morts humaines par nouvelle forme de MCJ dans toutes les années suivantes.

Mais il s’est produit que les prévisions des défensseurs du prion ne se sont pas révélées exactes, que l’épidémie ne s’est pas étendue, et que les cas de MCJ sont allés en diminuant. Les défensseurs du prion continuent de prétendre que de nouveaux cas apparaitront encore, parce que l’incubation du prion est plus long que l’on ne croit. Mais pour le moment les pronostics ne sont pas confirmés, et par contre il y a des scientifiques qui prétendent que -malgré qu’on ait tué des millions d’animaux par précaution-, la théorie du prion révèle de trop grandes carences.

Les médailles d’honneur, c’est bien... mais pas plus d’argent

C’est une théorie toute différente que propose Alan Ebringer pour expliquer la maladie de la vache folle. Ce docteur et chercheur n’a jamais admis que l’épidémie animale pouvait être causée par un prion : selon Ebringer, l’ESB est une maladie immunologique, provoquée par une bactérie, et par conséquent elle ne peut se transmettre aux humains que de façon tout à fait particulière. Et si cela est ainsi, le gouvernement de Londres a fait abattre inutilement des millions de bovins.

Ebringer étant un chercheur dans la ligne de l’académie orthodoxe de la médecine, -ses propositions n’ont rien à voir avec les théories des médecines « alternatives »-, il n’a jamais eu de scrupules à affronter les opinions dominantes. Dans le cas des vaches folles, les scientifiques avaient dans leur grande majorité adopté la théorie du prion pathogène, ce n’est pas pour rien que Stanley Prusiner avait reçu en 1997 le prix Nobel pour sa découverte du prion. Mais, depuis le début, avait opté pour une autre hypothèse, celle d’une bactérie qui provoquerait une maladie immunologique.

Cette voie de recherche ne devait pas être insensée, puisque le ministère anglais de l’agriculture, de la pêche et de l’alimentation (MAAF) lui demanda d’approfondir la recherche dans ce sens et lui octroyât les crédits, à lui et à son équipe de chercheur de King’s College, d’abord en 1997 et ensuite en 1999. Ces travaux coûtèrent 234.260 livres sterling.

Finalement, ils étaient en train d’appliquer à King’s College les schémas validés sur d’autres maladies immunologiques : la maladie survient chez des personnes ou des animaux qui ont un certain profil génétique, quand un agent extérieur –que ce soit une bactérie, un virus ou autre chose- "déclenche" le mécanisme de la maladie. Dans le cas de la vache folle, après avoir fait les expérimentations avec beaucoup de bactéries, ils se rendirent compte que la bactérie Acinétobacter qui se trouve dans les matières en décomposition semblait être la solution.

Si les recherches suivantes pouvaient confirmer cette découverte, la maladie des vaches folles et la nouvelle forme de MCJ auraient une autre interprétation. La théorie du prion prétend qu’une certaine protéine transformée provoque la maladie en endommageant le système nerveux, et qu’en consommant cette viande (à proximité des os) se contaminent les humains. Par contre, si les deux maladies sont immunologiques, et provoquées par Acinétobacter, il serait possible d’une part de mettre en place des test pour vérifier la contamination chez les animaux atteints, sans toutes les abattre, et de par ailleurs les humains ne pourraient pas contracter la maladie en mangeant la viande. Dans ce schéma, la seule voie de contamination serait d’injecter du cerveau animal à l’humain. C’est ainsi que fut provoqué la terrible MCJ chez de nombreux jeunes français, par contamination de cerveau humain, avec des injections d’hormone de croissance importé de Bulgarie sans garantie sanitaire.

Dans un premier temps, les données de Ebringer furent très bien accueillies par le ministère anglais (MAAF), parce qu’il y avait l’explication à un énorme problème et qu’il y aurait donc des propositions de solutions adaptées . Et ces chercheurs proposèrent pour les étapes suivantes la mise au point de tests applicables à tous les bovins, qui permettraient de distinguer ceux qui étaient contaminés par ESB et ceux qui ne l’étaient pas.

Mais les positions changèrent en 2001, et le ministère refusât à l’équipe de chercheurs de King’s College les crédits nécessaires à la poursuite des travaux, et c’est ainsi que s’arrêta le programme de recherche qui devait encore durer cinq années.

Des échos de tout cela sont à peine parvenus jusqu’au Pays Basque. Dans les journaux espagnols il n’y eut aucune référence à ces travaux. Dans la presse français, il y en eut juste davantage, et entre autres l’hebdomadaire Paris-Match publia une interview du professeur Ebringer ; en répondant au journaliste, celui-ci affirmait que malgré la connaissance de ses travaux le gouvernement de Grande Bretagne avait inutilement fait abattre des millions d’animaux, alors que la maladie était auto immune et non pas contagieuse, et que cette viande était consommable sans risque par les humains. En France, ce sujet avait et a encore de l’importance, parce qu’elle avait sur son territoire un souci particulier de la tremblante ovine.

Dans les journaux anglais de l’époque, à l’époque de la crise, c’est vrai qu’on accordait une place aux théories du professeur Ebringer.

Le quotidien Daily Télégraph présenta ainsi en 2000 une chronique aux travaux d’Ebringer : « Il n’y a pas à avoir de panique au sujet de la viande, s’insurge le rebèle professeur Ebringer à propos de l’ESB ». Le journal de la BBC : « Peut être bien que l’ESB n’a jamais été dangereux pour l’homme ». L’Irish Times irlandais : « Il y en a qui prétendent que la MCJ n’a rien à voir avec la viande ». Et la revue New Scientist : « Une bactérie du sol pourrait provoquer aussi bien l’ESB que la sclérose en plaques ».
C’est le journaliste écossais Magnus Linklater qui a le plus développé le sujet dans le quotidien The Times. Il écrit une longue et claire chronique intitulée « The theorie no one wants to hear » (la théorie que personne ne veut entendre parler)…..

Avec ces publications dans la presse, quelques parlementaires interrogèrent le ministre à la Chambre Basse de Londres. Dans sa réponse, le ministre rendit hommage à la compétence du professeur Ebringer, et nia qu’il lui refuserait les crédits pour continuer la recherche. Mais les crédits de recherche ne suivaient pas, et ne parvinrent jamais.

Tout ceci arriva en 2001… et précisément dans cette année là –voilà le paradoxe- la Royal Society for the Promotion of Health de Grande Bretagne qui accordait tous les ans une Donalson Gold Medal l’attribua cette année là à Alan Ebringer. C’est la princesse Michael of Kent qui la lui remit.

Le jury qui attribua le prix se justifia ainsi : « Notre jury a retenu les travaux d’Ebringer pour leur rigueur scientifique et pour l’originalité de sa pensée », en se référant précisément aux travaux du professeur Ebringer sur la maladie de la vache folle. Son travail scientifique méritait bien la reconnaissance suprême, mais hélàs pas du ministère anglais les crédits nécessaires à la poursuite des recherches. Alors que des millions de bêtes ont été abattus, l’existence de milliers d’éleveurs a radicalement changé, et des fortunes ont été dépensées dans la restructuration des secteurs de la viande, il aurait été déshonorant pour certains bien sûr de voir remise en cause la vérité officielle.

L’hebdomadaire basque Argia a pu rencontrer cet été Alan Ebringer à Londres. Alors qu’on l’interroge sur ces sujets, il répond sans amertume et même ironie. Un homme brillant, rigoureux, et en même temps facile à aborder, qui dans les avancées et les découvertes scientifiques –dans les siennes propres également- reconnaît avec le sourire l’importance du rôle joué par le hasard.

Au journaliste de Argia que je suis, comme aux deux autres personnes présentes, le professeur nous montra sur la table les différentes publications qu’il avait faites avec son équipe dans les revues scientifiques au sujet de l’ESB. Avec cela il nous offrit une publication qui venait de sortir de l’imprimante. Le titre en est « Creutzfeldt Jacob Disease Surveillance in the UK », et dès la première page on peut lire que c’est la huitième note depuis 1999 publiée par la Western General Hospital d’Edinburg et par London School of Hygiene and Tropical Medicine. Cette publication rassemble les travaux de recherche sur les habitudes alimentaires des personnes atteintes de MCJ, et dans le chapitre des conclusions il explique qu’il n’a pas été trouvé de preuve de lien entre les habitudes alimentaires des malades du nouveau variant MCJ et la maladie.

Il n’y a pas de doute que les découvertes du professeur Ebringer retrouvent un nouveau souffle avec les publications des chercheurs d’Edinburg…..après être resté quinze jours sur Internet, la publication a disparu du réseau à tout jamais. Par qui et pourquoi a-t-elle été retirée ? Pour répondre à cette question, le vieux professeur de King’s College n’aurait pas du être seulement docteur mais aussi détective.

Les éleveurs qui s’intéressent à la maladie de la vache folle ou à la tremblante du mouton trouveront ils dans les recherches de Alan Ebringer une nouvelle piste d’explication ? Et cela va-t-il intéresser les personnes qui souffrent de la MCJ ou des Scléroses en Plaques ? Si cela pouvait en être ainsi, ils en seraient sans doute heureux, comme le sont les centaines et les milliers de malades du monde entier, atteints de spondylarthrite ankylosante, qui ont bénéficié des conséquences des travaux de Ebringer pour contrôler leur maladie.

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La crise de la vache folle est aussi passée par les étables du Pays Basque et les conséquences y sont restées.

Au Pays Basque, l’ESB est loin d’avoir provoqué les méfaits supportés par les élevages anglais. La Grande Bretagne est exportatrice de viande, comme elle est exportatrice d’aliment du bétail. Aussi, là bas pour éradiquer la crise jusqu’à sa racine, ils ont fait abattre à cause de l’ESB cinq millions de bovins (tous les animaux qui avaient moins de 30 mois d’âge). Une terrible secousse pour toutes les étables de Grande Bretagne. En Pays Basque également la crise eu des conséquences, que l’on n’a pas finies de ressentir, mais davantage en terme de psychose collective qu’à cause de la diffusion de la maladie elle-même.

Comme nous l’on affirmé deux militants du syndicat EHNE, par ici la chronologie de la crise a été différente. Cela commença vers la fin de l’année 2000, pris de l’ampleur au cours de l’année 2001, arriva au plus fort en 2002 et à parti de 2003 commença à décroître. Pendant toute cette période, on n’arriva pas à une demi centaine d’animaux contaminés, et pas un seul cas de MJC n’a été déploré pendant toute la période. De plus, comme l’avait prévu les dirigeants, après avoir retiré les farines animales de la composition des aliments du bétail, les cas d’ESB ont diminué et finalement disparu. Donc, le contrôle de l’alimentation des bovins a complètement résolu le problème.

Cependant, quelques conséquences sont bien restées en place. Par exemple, pendant la crise il n’y avait pratiquement plus d’animaux de réforme engraissés. Pendant ces années de crise, pour les bovins qui avaient plus de 12 mois d’age, il fallait leur retirer les os à moelle de la collone vertébrale, ainsi que les MRS, cerveau ect..

Le temps est passé, la situation s’est apaisée, et a retrouvé le rythme normal en terme de santé animale, et la mesure contraignante est bel et bien restée en place : les consommateurs se sont accoutumés à consommer un veau beaucoup plus jeune.
Il semblerait qu’auparavant également il n’était déjà pas facile de bien valoriser des bovins d’un certain age, parce que les habitudes de consommation étaient en train d’évoluer, et parce que certains morceaux de viande des animaux de réforme étaient particulièrement difficiles à commercialiser dans les rayons de boucheries. La crise de la vache folle a eu de l’influence en faveur de la commercialisation de veau d’une douzaine de mois, et au dire des militants d’EHNE, ceci a été en défaveur des plus petits éleveurs.

C’est plutôt les propriétaires des grandes étables qui ont mieux surmonté les effets de la crise de la vache folle. La grande distribution également a bien tiré son épingle du jeu des nouvelles habitudes alimentaires, du fait que leur mode de commercialisation –du veau en colis préemballé- est plus adapté à la situation d’après la crise. L’ESB a empiré la situation des élevages bovins qui connaissaient déjà une situation de crise profonde. Dans ces années difficiles, ni les vendeurs d’aliments ni même les responsables qui autorisaient la commercialisation des aliments interdits ne furent particulièrement criminalisés ; au contraire, ce sont les paysans qui endossèrent la culpabilité. Et, à cause des prix en chute et du manque de rentabilité, beaucoup d’éleveurs qui déjà avaient du mal à survivre, n’eurent alors qu’à mettre la clef sous la porte.

D’autres conséquences plus drôles restent également de la crise de la vache folle. Par exemple, bien que tous jugent cela inutile, un vétérinaire doit établir un certificat pour chaque bovin qui doit rentrer à l’abattoir, ce qui est une pure formalité, qui n’en coûte rien aux éleveurs sur les provinces d’Euskadi, mais qui coute quand même 30€ sur la province de Navarre.

Une autre anomalie : à cause de la paranoïa de cette époque, les lieux de nourrissage aux rapaces et vautours furent fermés. On ne peut plus laisser d’animaux morts sur la montagne –et c’est sans doute un hasard- les vautours affamés ont commencé a attaquer les animaux vivants. Par contre, les cadavres d’animaux sont maintenant collectés pour rentrer dans le commerce du recyclable.

(Traduit du basque par Mikel Hiribarren)

GORA ITZULI